Les débuts du domaine dans l’agriculture
Quand et comment a-t-on décidé de se lancer dans l’agriculture ?
Je suis arrivé dans ce domaine sans expérience agricole, à l’âge de 25 ans. J’avais grandi en ville et, avec une formation de juriste, l’agriculture n’était pas un domaine familier pour moi. Le domaine était alors principalement constitué de vignes et d’un champ d’oliviers abandonnés. Pour mieux comprendre ce nouvel environnement, j’ai suivi des cours d’agriculture, ce qui m’a permis de découvrir les pratiques agricoles et de commencer à me poser des questions sur l’approche conventionnelle.
Pourquoi avoir adopter l’agriculture biologique plutôt que conventionnelle pour le domaine ?
Dans les années 90, l’agriculture conventionnelle était dominante, et l’agriculture biologique était marginale et parfois même moquée. J’ai suivi les protocoles en agriculture conventionnelle, en utilisant les produits proposés pour protéger les cultures, mais je me suis rapidement interrogé sur les dangers de ces produits. Leurs étiquettes avec des pictogrammes de toxicité m’ont alerté, tout comme la notion de « DL50 » qui désigne la dose létale d’un produit pour 50% des organismes testés.
Quels sont les risques des produits chimiques en agriculture ?
Ces produits chimiques sont systémiques, ce qui signifie qu’ils pénètrent les cellules des plantes et restent dans les fruits ou les légumes. Sachant que je produisais des aliments réputés pour leurs bienfaits, comme le vin et l’huile d’olive, cette idée m’a particulièrement alarmé. Après une ou deux années d’utilisation, j’ai décidé d’abandonner l’agriculture conventionnelle pour des pratiques biologiques, malgré les difficultés supplémentaires qu’elles impliquent.
Les défis de l’agriculture biologique
L’agriculture biologique est-elle plus difficile à mettre en œuvre ?
Absolument ! En agriculture biologique, il faut souvent réduire la surface exploitée et accepter des rendements moindres. Sans herbicides chimiques, il est nécessaire de trouver des solutions alternatives pour contrôler les mauvaises herbes sous les vignes et les oliviers.
Comment gérer les mauvaises herbes et l’entretien des cultures sans produits chimiques et herbicides ?
Dans les vignes, j’utilise une technique de buttage-débuttage qui consiste à recouvrir les pieds de vigne de terre pour étouffer les herbes, puis à défaire cette terre au besoin. Cela demande plus de temps et de passages en tracteur, mais j’estime que c’est un moindre mal comparé aux effets des désherbants sur l’environnement.
Utilisez-vous des animaux pour l’entretien du domaine ?
Oui, pour les oliviers, j’ai opté pour l’éco-pâturage, en installant des moutons d’Ouessant qui se nourrissent de l’herbe sous les oliviers. Cette méthode nécessite une clôture, mais elle m’apporte une grande satisfaction et une aide naturelle dans le désherbage.
L’agriculture biologique utilise-t-elle des produits de protection des cultures ?
Oui, mais ils sont différents de ceux utilisés en conventionnel. Nous utilisons des fongicides et insecticides à base de cuivre, de soufre et d’argile blanche pour protéger les vignes et les oliviers contre les maladies. Ces produits ne pénètrent pas les cellules des plantes et restent en surface, ce qui les rend moins invasifs pour l’organisme humain.
Pourquoi l’agriculture biologique est-elle plus respectueuse de l’environnement ?
Les pratiques biologiques, en évitant les produits systémiques, préservent la qualité des sols et de l’eau, et minimisent la pollution environnementale. Elles réduisent également l’exposition aux produits chimiques pour les agriculteurs et les consommateurs.
L’agriculture biologique est-elle plus durable ?
Oui, bien qu’elle demande un effort supplémentaire, l’agriculture biologique favorise la biodiversité et le renforcement des défenses naturelles des plantes. Avec le temps, en réduisant les traitements, les cultures se renforcent naturellement.
Pourquoi continuer avec l’agriculture biologique aujourd’hui ?
Pratiquer l’agriculture biologique est pour moi un engagement envers la santé, l’environnement et les consommateurs. J’ai la chance de travailler dans une région méditerranéenne où ce type d’agriculture est particulièrement adapté. Je suis convaincu qu’en intervenant avec modération, nous renforçons le potentiel de résistance de la nature et offrons des produits sains et respectueux.